Découvrez les portraits du peintre Titien

Publié le : 02 octobre 20208 mins de lecture

Titien n’est pas seulement l’auteur de peintures sacrées ou profanes, mais il est aussi l’un des plus célèbres portraitistes. Au cours de sa longue carrière, il a représenté deux cent ou deux cent cinquante personnages. Souvent plus d’une fois, mais jamais de la même manière, car le Titien réagit d’une manière nouvelle à l’inspiration qui vient du sujet à représenter, même si c’est le même. Dans cet article, on va analyser les plus célèbres portraits du Titien. Titien Vecellio, comme Raphaël, en analysant l’aspect physique de la personne représentée, parvient à interpréter leur signification intérieure et à la rendre visible à travers son langage pictural. Cette faculté d’interprétation est telle qu’il arrive que des chefs-d’œuvre soient créés sans même que la personne qu’il doit peindre soit devant lui, mais seulement des notes tirées rapidement à une occasion antérieure, voire un portrait réalisé par un autre artiste. C’est une qualité qu’il possède dès son plus jeune âge et qu’il affine au fur et à mesure de sa maturité.

Sa vie :

Né dans le nord-est de l’Italie, Tiziano Vecellio est issu d’une famille de magistrats. Mais lui et son frère sont destinés très tôt à devenir peintres et envoyés étudier l’art à Venise, auprès du mosaïste Zuccato, puis dans l’atelier du peintre Gentile Bellini pour Tiziano. Titien se trouve un compagnon en la personne de Giorgione, son aîné de dix ans, rencontré dans l’atelier de Bellini. Les deux jeunes artistes travaillent ensemble à des décors à fresque. Malheureusement, Giorgione décède en 1510 de la peste en laissant de nombreuses œuvres inachevées, que Titien aurait donc terminées. C’est l’hypothèse émise concernant la célèbre Vénus endormie (vers 1510) et Le Concert champêtre (vers 1509) de Giorgione. Son succès est précoce et fulgurant. Devenu peintre officiel du palais des Doges, Titien reçoit d’importantes commandes décoratives pour des palais vénitiens et des églises. À Mantoue, il travaille au château de Ferrare pour Frédéric II Gonzague, un puissant mécène. Portraitiste au talent exceptionnel, Titien a la charge d’exécuter tous les portraits des doges successifs. Sa renommée le conduit à être sollicité par Charles Quint, avec lequel il noue une relation d’amitié (l’empereur du Saint-Empire le fait notamment venir à Augsbourg, en Allemagne). L’artiste est appelé dans toutes les grandes cours d’Europe. Titien est aussi un peintre de la femme, sujet qu’il aborde à la fois dans des portraits et dans des scènes mythologiques ou bibliques. Les années 1530 sont marquées par son inclinaison pour la création d’un nouveau canon : les femmes présentent de belles rondeurs, une chevelure blond vénitien, leur carnation est mise en valeur par le contraste coloré des étoffes… Au cours de cette décennie, Titien peint son œuvre la plus célèbre, la Vénus d’Urbin (1538). En 1545, l’artiste rejoint Rome pour travailler pour le Vatican. Il met son talent au service de la famille Farnèse, une période où l’influence maniériste de Michel-Ange est sensible dans ses œuvres. Il est dit que Titien est mort de la peste en 1576, mais rien ne permet de l’affirmer. Le peintre est enterré dans l’église Santa Maria dei Frari à Venise, pour laquelle il avait peint une Assomption de la Vierge (1518).

Ses œuvres clés :

1. La Femme au miroir, vers 1515

La belle inconnue est occupée à se coiffer, assistée par un homme tenant deux miroirs. Il est difficile de déterminer si Titien a exécuté un portrait ou une allégorie. Dans ce second cas, il pourrait s’agir d’une personnification de la vanité. Ce tableau de jeunesse, qui révèle déjà l’importance du thème de la femme dans son œuvre, est représentatif de l’affirmation du caractère de Titien aux cotés de Giorgione, avec une palette plus vive, des effets de clair-obscur et une attention psychologique portée aux personnages.

2. Vénus d’Urbin, 1538

Incarnation de la beauté charnelle, cette vénus est la fois sacrée et profane. Allongée sur une couche rouge recouverte d’un drap et d’oreillers de lin blanc, une association qui signifierait la hardiesse amoureuse, elle est totalement nue et a placé sa main gauche sur son sexe, nous le cachant pour mieux en révéler la présence. Elle porte des accessoires associés à l’amour et à la courtisanerie. Son regard, qui invite à la rejoindre, est joliment provocateur. Ce tableau érotique, l’un des sommets du genre, a été une source d’inspiration pour Édouard Manet pour son Olympia en 1863.

3. Portrait de Charles Quint assis, 1548

Lorsque Titien peint son portrait, Charles Quint est le plus puissant monarque d’Europe. Tout en restant réaliste, l’artiste a atténué la proéminence de la mâchoire de l’empereur du Saint-Empire romain germanique, très soucieux de son image. Ce portrait très intimiste montre que le peintre entretenait des relations de proximité avec son modèle, vêtu sobrement dans un intérieur opulent, dominé par un tapis rouge et une tapisserie brodée d’or.

4. Autres portraits

  • Le tableau est rendu par le jeu des gris et des sombres du fond uni et de la robe, animé par le blanc éclatant de la chemise. On ne sait pas qui est le personnage représenté, bien que certains pensent l’identifier à Gerolamo Adorno, l’ambassadeur de Charles Quint à Venise.
  • Le portrait de Paul III avec ses neveux Alessandro et Ottavio Farnese de 1546 ; huile sur toile ; 2,10×1,74 mètres. Naples, Galerie nationale de Capodimonte. Le portrait a été peint pendant le séjour du Titien à Rome et s’inspire de celui du pape Léon X avec les cardinaux Giulio de’ Medici et Luigi de’ Rossi, peint par Raphaël.
  • Ici aussi, dans l’œuvre de Titien, une conversation confidentielle a lieu entre le pape et l’une des personnes présentes, tandis que l’autre, le cardinal Alessandro, est dans une pose officielle et regarde le spectateur. Le peintre interprète trois personnages différents. Mais, plus que Raphaël, il sonde sans scrupule les profondeurs de leur âme, en particulier le pape et Octavius.
  • D’un côté, il y a le vieux pontife représenté avec les épaules courbées pour le poids des années, ses petits yeux perçants, son esprit attentif à saisir chaque petite nuance du discours, méfiant, peut-être même cruel ; de l’autre côté, Octavius, rampant, ambigu, hypocrite, le chapeau à la main, l’autre main placée en appui de l’épée alors qu’il s’apprête à s’agenouiller, dans l’acte formel et intéressé de l’hommage.
  • Le portrait de Charles Quint au tournant de 1548, huile sur toile, 3,32×2,79 mètres. Madrid, Musée du Prado. Le portrait célèbre la victoire de Muhlberg. Mais le Titien ne représente pas seulement la gloire de l’empereur, il rend aussi son sens humain, sa solitude, sa tristesse, sa fatigue ; cette fatigue, causée par des années de luttes politiques et militaires, qui l’ont conduit, quelques années plus tard, à abdiquer et à se retirer dans la paix d’un couvent espagnol.
  • Dans un paysage solitaire, sous un ciel nuageux, dans la lumière rougeâtre du coucher de soleil, à la fin de la bataille qui l’a vu vainqueur, le souverain passe sur son cheval, revêtu de cette splendide armure, la lance au poing, le regard fixé devant lui, fermement déterminé à mener sa tâche à bien.

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