Improvisation 26, une peinture de Wasslly Kandinsky en 1912

Publié le : 02 octobre 202018 mins de lecture

« Improvisation 26 » fait partie d’une série d’œuvres appelées « Improvisations », un mot que le peintre russe Vassily Kandinsky emprunte à des compositions musicales. Il s’agit d’une huile sur toile de 97 x 107,5 centimètres, réalisée en 1912 et conservée à la Städtische Galerie im Lenbachhaus de Munich.

Ce passage de la peinture abstraite est né deux ans plus tôt, lorsque Kandinsky est passé du figuratif à l’abstrait. Une composition dépourvue de contenu naturaliste, où l’artiste pose le problème de la lumière et de l’espace en tenant compte de la relation entre la couleur et les formes en mouvement, en restant ferme sur l’abstraction constante.

Vassily Kandinskya

Vassily Kandinskya (en russe : Василий Васильевич Кандинский), né à Moscou le 22 novembre 1866 (4 décembre 1866 dans le calendrier grégorien) et mort à Neuilly-sur-Seine, le 13 décembre 1944, est un peintre russe, naturalisé allemand puis français.

Considéré comme l’un des peintres les plus importants du xxe siècle, il est souvent considéré comme l’auteur de la première œuvre d’art abstrait de l’époque moderne, bien que des historiens d’art soupçonnent Kandinsky d’avoir antidaté cette aquarelle, qui leur semble ressembler à une esquisse de sa Composition VII, de 1913. Quoi qu’il en soit, la célébrité de Kandinsky est liée à son rejet progressif au cours de ces quelques années de tout élément figuratif dans sa peinture.

Formé en économie politique par l’Université russe avant de se consacrer à la peinture, Kandinsky a écrit deux ouvrages de réflexions sur la peinture, traduits et réédités plusieurs fois. Il compose le premier vers 1910, alors qu’il animait le groupe Le Cavalier bleu, quelques années avant l’exposition de ses premières œuvres non figuratives ; à la même époque il publie un recueil de textes accompagnés de gravures sur bois figuratives en couleurs. Il écrit alors qu’il était professeur au Bauhaus un ouvrage sur les formes élémentaires des arts graphiques, publié en 1926, correspondant à une évolution de sa peinture à la même époque.

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Les improvisations de Kandinsky

Mais revenons à la définition des « improvisations ». Ils sont formés par des signes et des couleurs jetés sur la toile sans avoir d’ordre apparent. Ce sont des formes qui peuvent être rattachées à la réalité, mais ce n’est pas ce que le peintre recherche.

Son intention – dans l’Improvisation 26 mais aussi dans d’autres œuvres – est de communiquer des contenus intérieurs et spirituels, qui sont basés sur l’utilisation de la couleur et des affinités avec la musique. Les œuvres abstraites manquent de contenu réel, elles ne représentent pas de catégories iconographiques même si les couleurs et les signes peuvent représenter des significations symboliques.

Improvisation 26 : analyse du tableau

Kandinsky est convaincu que la peinture doit atteindre les sens, tout comme la musique. Pour cette raison, il n’est pas nécessaire qu’il fasse des images ou qu’il peigne des histoires. Les couleurs et les formes deviennent les outils appropriés pour exprimer des émotions et des sensations. Même si certaines formes se rapprochent de formes réelles comme, par exemple, la tache rouge faisant allusion à la figure d’un homme, probablement un rameur, qui est également reprise dans d’autres œuvres de Kandinsky.

Et encore : les six lignes noires à gauche qui rappellent l’idée de la barque, qui pour l’artiste représente le symbole du progrès et du mouvement.

Le langage utilisé par Kandinsky est un langage fait de lignes, d’espaces, qui ne veulent pas – comme déjà souligné – représenter la réalité, mais exprimer des émotions visuelles par l’utilisation de la composition.

Technique et couleurs

La technique de l’huile est utilisée de manière traditionnelle, à partir d’une couleur de base que l’artiste applique, une couleur neutre, et sur laquelle il peint ensuite avec les couleurs juxtaposées, superposées ou fusionnées, par petits coups de pinceau dirigés.

Ce faisant, les couleurs donnent de l’éclat au tableau, créent un contraste, animent les formes. On pourrait même penser à un paysage fantastique avec les lignes et les couleurs typiques de l’arc-en-ciel.

Des couleurs comme des sons

Les couleurs sont habilement utilisées comme des sons, les faisant vibrer dans l’âme du spectateur. Ce sont des couleurs chaudes et froides : un contraste entre la vitalité, la joie de vivre, soulignée par des couleurs comme le jaune, et l’angoisse que Kandinsky représente avec des traits noirs.

Sa peinture « Improvisation 19 » est également connue sous le nom de « Blue Sound ».

En pratique, l’artiste peint une série de taches et de traits colorés qu’il place sur la toile au hasard, apparemment. Mais ceux-ci sont précisément combinés en une série de sons. Et c’est ainsi qu’il utilise les couleurs comme des notes, pour produire des ambiances précises chez le spectateur.

Le vert, par exemple, transmet la tranquillité, le rouge la vitalité, le jaune la joie, le bleu la paix de l’esprit. Les couleurs chaudes servent à attirer notre attention, tandis que les couleurs froides, le vert et le bleu, la repoussent, générant un sentiment de profondeur.

Le forme

Les couleurs sont alternées avec des lignes d’épaisseurs différentes qui se chevauchent au premier plan avec des taches de couleur, interrompant les formes. Ainsi, des diagonales sont formées à gauche du tableau « Improvisation 26 », des lignes ondulées rouges et noires au centre de la composition, un remplissage horizontal, comme une vague, sur le côté.

Même les lignes noires ressemblent à des idéogrammes de la langue japonaise. Cependant, selon de nombreux critiques, comme mentionné ci-dessus, ils représentent des rames.

Le jaune et le rouge dominent, les taches sont plus proches du spectateur. Le bleu donne au tableau un sentiment de profondeur. Cette dernière couleur représente la paix intérieure de l’homme. Le rouge, en revanche, affecte l’état émotionnel du spectateur.

Les Compositions pour la scène de Kandinsky : laboratoire du théâtralisable, échec du théâtralisé

Kandinsky est l’auteur de plusieurs pièces écrites entre 1908 et 1926 qu’il s’est employé sans succès à réaliser. Rares ont été depuis les metteurs en scène à s’emparer de ces Compositions. De nombreux indices témoignent pourtant de la volonté du peintre de théâtraliser son œuvre : didascalies, schémas, paratexte théorique. Pour quelles raisons les différentes « Résonances » ne semblent-elles pas théâtralisables ? Aucun obstacle matériel ne freinant leur réalisation, l’élan spirituel souhaité par le peintre peut-il pour autant être porté sur la scène ? Pour y répondre, nous avons observé comment ce projet de synthèse abstraite avait été transposé aux xxᵉ et xxiᵉ siècles.

Le lexique de l’espace théâtral témoigne de la volonté du peintre de concrétiser ses recherches : où il est par exemple fait plusieurs allusions aux coulisses dans Nachspiel ou aux cintres dans Schwarz und Weiß (« Von Schultern ab verschwindet der obere Teil in der Decke der Bühne »). Pour cette dernière pièce, la taille des groupes n’est pas déterminée, mais Kandinsky est soucieux qu’elle ne déborde pas l’espace scénique puisqu’il précise en note : « Die Zahl hängt von der Größe der Bühne ab : es sollen nicht zu viele Menschen da sein. » Regrettant que drames, opéras et ballets soient devenues des « formes muséales figées », contrairement au cirque, au cabaret ou au cinéma, Kandinsky entreprend une réforme de l’espace scénique, théâtre de l’épanouissement de l’abstraction, dans un projet intitulé Über die abstrakte Bühnensynthese qui date de 1923, où il imagine les bases de ce qu’il nomme « l’art monumental abstrait ». Rénovant l’architecture du théâtre grâce à la couleur, au son et au mouvement, « dans la résonance commune de la mise en forme architectonique », Kandinsky va encore plus loin en proposant la création de laboratoires de théâtres qui pourraient ressembler à ceux mis en place au Bauhaus par Oskar Schlemmer.

Vassily Kandinsky (1866-1944) est le pionnier de l’abstraction au début du XX ° siècle..

Il est né à Moscou en 1866 dans une famille aisée et cultivée. Son père, d’origine sibérienne orientale, gagnait sa vie dans le commerce du thé. Ce dernier fit voyager sa famille en Italie, avant de l’installer à Odessa en 1871. Très tôt au il a été familiarisé au russe et à l’allemand. Il commence par étudier le droit avant de renoncer tardivement à sa carrière universitaire. (Il deviendra peintre seulement à l’âge de 30 ans).
En 1886, Kandinsky a 20 ans, lorsqu’il entreprend de suivre des études à la Faculté de Droit et d’Économie de Moscou.
En 1889, il est envoyé en mission au nord est de la Russie pour étudier les coutumes liées au droit paysan. Il a été très marqué par ce voyage, (costumes régionaux, très colorés, ameublements locaux etc.).
Il obtient un poste d’assistant en droit à l’université de Moscou. Il est très marqué par l’exposition des impressionnistes français à Moscou, ainsi que par les opéras de Wagner.
En 1892, il se marie avec une cousine, Anja Chimiakin.
En 1896, il quitte Moscou et s’installe à Munich pour se former à l’art.

Munich – Murnau. (1908-1914)

Il suit les cours de l’ Académie des Beaux-Arts. En 1901, Wassily Kandinsky quitte les cours du peintre Franz Von Stuck à l’Académie des Beaux Arts de Munich, et fonde un groupe appelé “La Phalanx”, dans laquelle avec ses amis peintres, il s’assigne comme but de faire découvrir au public ce que sera, selon lui, le nouvel art .

Vassily Kandinsky – Vieille ville II, (1902) 52 x 78.5 cm Centre Georges Pompidou, Paris

Il rencontre Jawlensky, (voir les peintures de Jawlensky). Rencontre Paul Klee, en 1901 fonde le groupe Phalanx (contenu spirituel de la peinture, importance de la couleur).
En 1904, Kandinsky participe à la première exposition des “Tendances Nouvelles” à Paris. Il voyage ensuite en Hollande, et à Odessa et publie à Moscou : Poésies Sans Paroles, un album illustré de 12 gravures sur bois. Il participe à différentes expositions à Berlin, puis aux expositions de Saint-Pétersbourg et de Moscou, ainsi qu’au Salon d’Automne de Paris. Il se sépare la même année de sa femme
A la fin de 1904, l’association Phalanx est dissoute. Il se lie avec Gabriel Munter, qui deviendra sa compagne durant quelques années.
Voyages en Hollande, Tunisie, France

Vassily Kandinsky – Ville arabe, (1905) 67,3 х 99,5 cm Centre Georges Pompidou, ParisGouache ville arable (1905)Vassily Kandinsky – Chant de la Volga, (1906) 49 x 66 cm Centre Georges Pompidou, Paris
Il peint à Paris en 1906 Chant de la Volga pour une exposition à l’occasion des ballets de Diaghilev.
En 1908 le couple rentre en Bavière et s’installe à Murnau ou il achète une maison.

Vassily Kandinsky – Paysage à la tour (1908) 75,5 х 99,5 cm Centre Georges Pompidou, Paris
Paysage à la tour 1908, voir un commentaire.
Vision très synthètique du paysage. Ce sont les couleurs qui donnent la tonalité émotionnelle du paysage et en même temps, il faut les déchiffrer à travers leur symbolisme. L’objet semble déjà accessoire.
Cimetière et presbytère à Payer (1909)
À partir de 1909, ce que Kandinsky appelle le «chœur des couleurs» devient de plus en plus éclatant, il se charge d’un pouvoir émotif et d’une signification cosmique intense. Cette évolution a été attribuée à un ouvrage de Goethe, le Traité des couleurs (Farbenlehre), qui a influencé ses futurs livres Du Spirituel dans l’Art et Regards sur le passé.
Il fait fusionner le paysage avec son monde intérieur, légendes, cavaliers châteaux.

Vassily Kandinsky – Tableau au tireur à l’arc, (1909) 175,2 x 144,7 cm Musée d’art moderne de New York
1909 tableau au tireur à l’arc (un tireur à l’arc se trouve en bas à droite) voir un commentaire.
Il arrive à l’abstraction progressivement

Vassily Kandinsky – Improvisation III, (1909) 130 x 94 cm Musée National d’Art Moderne, Centre Georges Pompidou, Paris
Improvisation III. Paysage formes très schématiques, plans colorés, couleurs intenses

Vassily Kandinsky – Improvisation VI (africaine), (1909) 107 x 99.5 cm Städtische Galerie im Lenbachhaus, Munich
Improvisation VI (africaine). Impression d’affrontement entre masses colorées. Voir un commentaire.

Jusqu’en 1914, il divise sa production en 3 catégories, les impressions, les improvisations (expression inconsciente survenue soudainement) les compositions (expression lente, de façon quasiment « pédante »).

A la même époque, Gabriele Münter peint le portrait de Jawlensky.Travail par grands plans, masses colorées. En savoir plus sur Gabriele Munter.

Vassily Kandinsky – Eglise à Murnau, (1910) 64.7 x 50.2 cm Städtische Galerie im Lenbachhaus, Munich
1910 Eglise à Murnau

Vassily Kandinsky – Peinture sous verre au soleil, (1910) 30,6 х 40,3 cm Städtische Galerie im Lenbachhaus, Munich
(cliquer sur l’image pour l’agrandir)
Peinture sous verre au soleil. Cette technique était au départ destinée aux peintures religieuses (fixés sous verre). Va avoir une influence sur sa peinture à l’huile.
La technique de la peinture sous verre, qui consiste à peindre au revers d’un support en verre lisse ou ondulé, a été découverte par Kandinsky durant l’été 1908. Le peintre se passionne pour cette forme typique de l’artisanat bavarois qui se pratique traditionnellement en famille – et à laquelle il s’adonne avec son entourage – entreprenant même quelques recherches pour en connaître les origines.
Cette technique l’intéresse en tant qu’expression d’une culture populaire, mais aussi parce qu’elle permet de produire des effets de transparence, de brillance et d’impressions moirées, selon les peintures utilisées. Entre 1909 et 1913, 33 fixés sont réalisés.

1910 sans titre (la première aquarelle abstraite), malgré cette expérience, en peinture à l’huile K. n’est arrivé à l’abstraction qu’en 1913. Voir un commentaire.
Il cherche une écriture du pinceau et de la plume, qui soit aussi variée que dans une scène réelle. Il varie l’écriture, le mouvement, les formes ect.
Cette œuvre est considérée comme le point de départ de la peinture abstraite : Kandinsky est le premier à peindre sans aucun reste de figuration. Un langage vibrant de lignes en tons rouges, verts et bleus, couleurs qui symbolisent la dualité entre le ciel (bleu) et la terre (rouge et vert), entre rationalité et émotion, spiritualité et passion.
A peine a-t-il inventé l’abstraction il publie du Spirituel dans l’Art. Il a perçu les dangers de l’abstraction (risque de devenir un art décoratif).
“La beauté de la couleur et de la forme n’est pas un but suffisant de l’art” écrit-il.
Il résume en trois points le rôle des artistes :
– Chaque artiste comme créateur doit exprimer ce qui est propre à sa personne.
– Chaque artiste comme enfant de son époque doit exprimer ce qui est propre à son époque.
– Chaque artiste comme serviteur de l’art doit exprimer ce qui en général est propre à l’art. L’élément pur et éternel que l’on retrouve partout et qui n’obéit à aucune loi, d’espace ni de temps.
Voir également le rôle des couleurs.

Il se lie à Franz Marc (peinture chevaux bleus).

En 1911, il fonde le mouvement du “Cavalier Bleu” (“der blaue Reiter”). Le cavalier est le symbole de l’élan de lutte pour des objectifs nobles et spiritualistes. Ils organisent des expositions qui associent les avant-gardes européennes, les arts populaires. La 2ème exposition eu un grand retentissement. Ils conçoivent la peinture sur le modèle de la musique. Arnold Schönberg fait partie du groupe (et ne prend pas parti pour…). Relation entre peinture et musique.

Vassily Kandinsky – Impression V (parc), (1911) 106 x 157,5 cm Musée National d’Art Moderne, Centre Georges Pompidou, Paris
(cliquer sur l’image pour l’agrandir)
Impression V (parc) cavaliers signes qui ressemblent aux peintures rupestres.
Dans cette toile – une nouvelle étape dans la voie vers l’abstraction – on reconnaît deux cavaliers – l’un, au centre portant une cape bleue (un voile ?) et l’autre, en beige, tout à fait à droite -, ainsi que deux personnages assis sur un banc. Mais ces repères iconographiques se dissolvent dans un ensemble de taches colorées et de lignes noires qui rythment l’image plutôt qu’elles ne décrivent des formes.

Vassily Kandinsky – Improvisation 26 (ramer), (1912) 97 x 107,5 cm, Stadtische Galerie in Lenbach, Munich
Improvisation 26 (ramer) bribes de paysages, des rames.Vassily Kandinsky – Jugement dernier, (1912) 33,6 x 45,3 cm, Centre Pompidou Paris
1912 jugement dernier (peinture sous verre). Fixé-sous-verre. Le bleu est « la couleur céleste par excellence. » Le cavalier est un chevalier, l’ange combattant les forces matérialistes, Saint-Georges abattant le dragon, il combat la masse noire et rouge du dragon.

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