Les Villas de Bordighera : tableau de Claude Monet en 1884.

Publié le : 02 octobre 202046 mins de lecture

Au cours des quarante dernières années du XIXe siècle, Bordighera a été la destination de nombreux artistes et intellectuels qui, attirés par une végétation luxuriante et une lumière enchanteresse, ont visité la ville ligurienne pour y passer quelques jours de vacances et pour raconter sa beauté naturelle. Claude Monet, ainsi qu’Auguste Renoir, faisaient partie de ces admirateurs. Tous deux arrivent à Bordighera en décembre 1883 et Monet y retourne en janvier 1884 pour y effectuer quelques travaux. L’une d’entre elles est « Le Ville a Bordighera », une huile sur toile de 115 x130 cm, qui a cependant été réalisée dans son atelier de Giverny, à partir d’un tableau plus petit que lui avait peint en plein air.

Claude Monet, né (sous le nom d’Oscar-Claude Monet) le 14 novembre 1840 à Paris et mort le 5 décembre 1926 à Giverny, est un peintre français et l’un des fondateurs de l’impressionnisme.

Il commence sa carrière d’artiste en réalisant des portraits à charge des notables de la ville du Havre. En 1859, il part pour Paris tenter sa chance sur le conseil d’Eugène Boudin. En 1866, il connaît le succès au Salon de peinture et de sculpture grâce à La Femme en robe verte représentant Camille Doncieux qu’il épouse en 1870. Il fuit la guerre de 1870 à Londres, puis aux Pays-Bas. Dans la capitale anglaise, il fait la rencontre du marchand d’art Paul Durand-Ruel, qui sera sa principale source de revenus, pendant le reste de sa carrière. Revenu en France en 1871, il participe à la première exposition des futurs impressionnistes, en 1874.

En 1876, il rencontre Ernest Hoschedé, un mécène qui va rapidement faire faillite. La mort de Camille en 1879 et les nombreuses absences d’Ernest, conduisent au rapprochement de lui et d’Alice Hoschedé. En plus de peindre intensivement la Seine, Claude se rend régulièrement sur la côte normande pour peindre. En 1883, lui, ses deux enfants et la famille Hoschedé emménagent définitivement à Giverny. C’est à partir de cette période que prennent fin ses ennuis financiers

À partir de 1890, Il se consacre à des séries de peintures, c’est-à-dire qu’il peint le même motif à différentes heures de la journée, à diverses saisons. Il peint alors parfois des dizaines de toiles en parallèle, changeant en fonction de l’effet présent. Il commence par Les Meules, puis enchaîne successivement Les Peupliers, la série des Cathédrales de Rouen, celle des Parlements de Londres et Les Nymphéas de son jardin, qu’il décline en grand format pour peindre de grandes décorations. La fin de sa vie est marquée par la mort d’Alice et par une maladie, la cataracte, qui affecte son travail. Il s’éteint à 86 ans d’un cancer pulmonaire.

Il peint devant le modèle sur l’intégralité de sa toile dès les premières ébauches, il retouche ensuite de nombreuses fois jusqu’à ce que le résultat le satisfasse. Contrairement à ce qu’il affirme, il termine la plupart de ses toiles en atelier, prenant modèle sur les premières peintures d’une série pour peindre les autres.

D’un caractère parfois difficile, prompt à la colère comme au découragement, Claude  est un grand travailleur qui n’hésite pas à défier les éléments pour pratiquer sa passion. Il résume sa vie ainsi de la meilleure manière : « Qu’y a-t-il à dire de moi ? Que peut-il y avoir à dire, je vous le demande, d’un homme que rien au monde n’intéresse que sa peinture – et aussi son jardin et ses fleurs ? »

Caricature de Léon Manchon réalisée en 1858.

Claude est né le 14 novembre 1840 au 45, rue Laffitte dans le IXe arrondissement de Paris. Il est le second fils d’Adolphe et Louise-Justine, née Aubrée, après Léon Pascal, dit Léon (1836-1917). Baptisé sous le nom d’Oscar-Claude à l’église Notre-Dame-de-Lorette de Paris, au début de l’année 1841, il est appelé « Oscar » par ses parents. Il aime à dire plus tard qu’il est un vrai Parisien. Ses parents sont tous deux nés à Paris, tandis que ses grands-parents y étaient déjà installés aux environs de 1800. La famille, grands-parents paternels compris, s’installe au Havre en Normandie vers 1845, l’année de ses cinq ans. Ce déménagement est certainement provoqué par la situation financière précaire dans laquelle se trouve alors Claude Adolphe. L’influence de la demi-sœur de ce dernier, Marie-Jeanne Lecadre, née Gaillard, épouse et fille de commerçants havrais, y est aussi certainement pour quelque chose. C’est elle qui, à la suite de la mort de Louise-Justine  survenue en 1857, élève Léon et Oscar.

Les villas de Bordighera : analyse du tableau

Le tableau représente le jardin de la villa d’un riche habitant local. Il a été tellement impressionné par le jardin qu’il l’a qualifié de lieu extraordinaire et magique. Le peintre était particulièrement fasciné par la variété des plantes, qui poussaient sans soin particulier de la part du propriétaire. Surtout, les palmiers ont été rassemblés dans une variété spectaculaire.

L’œuvre était destinée à son amie peintre Berthe Morisot, qui avait récemment rejoint le mouvement impressionniste ; elle a dit en passant : l’impressionnisme se définit par la simplicité comme « mouvement », mais en réalité il s’agit d’un groupe hétérogène d’artistes qui suivent des chemins différents, mais qui se retrouvent sur certains points fondamentaux comme, par exemple, la lumière.

« Le Ville a Bordighera » est une flambée de couleurs et de lumière. Il décrit non seulement la luxuriance du jardin mais aussi les collines, que nous voyons en arrière-plan, qui, en partie, entourent la ville. L’artiste utilise des couleurs vives pour ramener les nuances de la lumière méditerranéenne sur la toile. Le tableau est grand et de forme carrée ; un choix que Lui utilisera pour les peintures décoratives. Et la reproduction d’un grand tableau retravaillé par un plus petit est aussi un choix que Monet a fait assez souvent dans ces années-là, notamment pour créer des séries comme celles des nénuphars.

Le paysage reste son sujet de prédilection et ce choix, cohérent avec l’ensemble de sa carrière, a été l’une des différences les plus marquées entre lui et les autres peintres de l’impressionnisme. En effet, a étudié les variations de la lumière dans le paysage, tandis que, par exemple, Degas et Renoir ont davantage étudié la figure humaine. Bien que, peut-être, le seul vrai impressionniste qui ait fondé et réuni le groupe et qui ait poursuivi la philosophie du mouvement de manière cohérente tout au long de sa vie, n’est que Claude .

En 1884, Claude Monet est en Italie.

Jardin à Bordighera, impression de matin est une huile sur toile du peintre impressionniste français Claude M. composée en 1884, lors de son séjour à Bordighera, sur la côte ligure, entre janvier et avril 1884. « Je suis installé dans un pays féerique » écrit-il à son ami le critique Théodore Duret. « Il faudrait une palette de diamants et de pierreries. ». Cette toile mesure 65,5 × 81,5 cm. Elle est conservée au musée de l’Ermitage de Saint-Pétersbourg.

Description

Cette toile représente un jardin à Bordighera à la végétation foisonnante avec des palmiers. Au fond au centre se devine le clocher de l’église de la vieille ville. La toile est dans les tons bleus et verts avec des touches jaunes sur les fleurs des buissons.

Provenance

Cette toile est issue d’une collection allemande (collection Otto Krebs) confisquée après la Seconde Guerre mondiale au titre des réparations de dommages de guerre subis par l’URSS. Elle a été montrée au public à partir de 1995

Eugène Boudin, Vue du port de Quimper, v. 1857, musée des beaux-arts de Quimper.

Le jeune Oscar n’est pas un élève très appliqué selon ses propres dires, mais il apparaît dans les annales du collège havrais situé rue de la Mailleraye, qu’il fréquente à partir du 1er avril 1851 comme « une excellente nature très sympathique à ses condisciples ». De manière précoce, il développe un goût pour le dessin et il suit avec intérêt le cours d’Ochard, un ancien élève de David. Ses premiers dessins sont des « portraits-charges » de personnages (professeurs, hommes politiques) dont Monet « enguirlande la marge de ses livres… en déformant le plus possible la face ou le profil de ses maîtres » selon ses propres termes. Il fait déjà des croquis de bateau et des paysages en « plein air » sur le motif.

Le 28 janvier 1857, sa mère meurt et il abandonne ses études. Sa tante Jeanne Lecadre (1790-1870), qui peint elle-même à ses heures perdues, l’accueille et l’encourage à continuer le dessin. Face au succès rencontré par ses caricatures, il décide d’y apposer la signature « O. Monet » et de les vendre chez un papetier-encadreur, du nom de Gravier, ancien associé d’Eugène Boudin qui lui confie le négoce de certaines de ses toiles. C’est là que Claude M. va faire sa connaissance, vraisemblablement début 1858, rencontre déterminante pour sa carrière artistique : « Si je suis devenu un peintre, c’est à Eugène Boudin que je le dois ».

Il commence à peindre ses premières toiles de paysage à l’été 1858. Il en présente deux à l’exposition municipale des Beaux-Arts de la ville du Havre qui se déroule durant les mois d’août et de septembre de la même année. Ces deux toiles, fortement influencées par la technique de Boudin, sont acceptées et présentées sous le titre unique : Paysage. Vallée de Rouelles. Devant ce succès, Boudin conseille à son jeune comparse de quitter Le Havre pour Paris dans le but d’y prendre des cours et d’y rencontrer d’autres artistes.

Fin 1883, il se rend avec Renoir sur le littoral méditerranéen. Tous les deux, ils relient Marseille à Gênes, puis rendent visite à Cézanne à L’Estaque. Après un court retour à Giverny, Monet reprend seul, dès janvier 1884, la route du Sud. Il se rend cette fois à Bordighera et à Menton. Émerveillé par la nature et les paysages sauvages, Monet peint une quarantaine de toiles représentant les sites les plus pittoresques tels que les vallées de Sasso ou de la Nervia.

En novembre 1884, commence une longue amitié avec l’écrivain Octave Mirbeau, qui est désormais son chantre attitré et contribue à sa reconnaissance.

En 1885, à l’occasion d’un déplacement sur la côte normande, à Étretat, Monet conclut un accord avec le galeriste Georges Petit : désormais, celui-ci assure l’achat et la commercialisation d’une partie des œuvres du peintre. De ce fait, l’exclusivité dont bénéficiait Durand-Ruel jusqu’alors est rompue. À la fin de l’année, Monet lui annonce son souhait de ne traiter qu’avec Petit. Par ailleurs, Monet, ne souhaitant pas dépendre totalement des galeristes, entretient et développe son réseau de collectionneurs.

En 1886, malgré la rupture entre les deux hommes, Paul Durand-Ruel ouvre les portes du marché américain à Monet en nouant des liens avec l’American Art Association : la reconnaissance officielle qu’il obtient outre-Atlantique a pour contrecoup de développer le marché de l’art impressionniste en France dans les années 1890.

Toujours la même année, Monet retourne aux Pays-Bas, sur invitation du baron d’Estournelles de Constans, secrétaire d’ambassade auprès de la Légation française à la Haye. Durant ce séjour, il découvre les champs de tulipes qu’il peint à plusieurs reprises (À Sassenheim, près de Haarlem, champ de tulipes ou Champ de tulipes en Hollande). En fin d’année, à la recherche de motifs originaux, il décide d’aller peindre à Belle-Île-en-Mer. Il y réalise une quarantaine de toiles dont les sujets majeurs sont les Aiguilles de Port-Coton (Les Pyramides de Port-Coton, mer sauvage), et la baie de Port Dormois, en particulier la Roche Guibel. Il y est interrogé par Gustave Geffroy, critique au journal la Justice, dirigé par Clemenceau. Il devient un des plus fervents admirateurs du peintre.

Début 1888, il retourne sur la Côte d’Azur, au château de La Pinède, à Antibes. Il y réalise une trentaine de toiles fortement inspirées par l’estampe japonaise. Dix d’entre elles sont vendues à Théo van Gogh et présentées, l’année suivante, à la galerie Boussod, Valadon et Cie où elles rencontrent un fort succès.

En février 1889, il se rend dans la Creuse chez Maurice Rollinat en compagnie de Geffroy et de quelques amis. Il rentre pour assister à l’inauguration de la quatrième exposition universelle parisienne où il expose trois toiles, puis retourne dans la Creuse, dès le mois de mars, seul cette fois. Durant ce séjour, il peint environ une vingtaine de toiles dont neuf ont pour motif le ravin de la Creuse.

En juin 1889, Auguste Rodin et Claude Monet exposent conjointement « Rien que vous et moi » dans la galerie parisienne de Georges Petit. Cette exposition réunit 145 peintures et 36 sculptures et bénéficie d’un catalogue où apparaissent une notice consacrée à Rodin par Geffroy et une consacrée à Monet par Mirbeau. Le peintre offre une véritable rétrospective de sa carrière allant de La Pointe de la Hève en 1864 jusqu’aux dernières toiles de 1889. Si les commentaires élogieux concernent davantage Rodin que Monet, et si ce dernier reste parfois contesté, l’exposition préfigure ses futurs succès.

En 1889, Monet s’implique totalement dans l’obtention des souscriptions nécessaires à l’achat de l’Olympia de Manet et en fait don au Louvre. Les difficultés et les oppositions auxquelles il a dû faire face pour mener à bien cette transaction l’ont tenu éloigné longtemps de ses pinceaux : le retour à la peinture est donc des plus difficiles. C’est à cette occasion qu’il opère un tournant dans sa carrière en s’attelant aux séries.

Les Meules (1890-1891)

L’année 1890 est une année charnière dans la vie de Monet. Les voyages de travail deviennent alors beaucoup plus rares. Il vient le temps des séries, genre pictural connu de son ami Boudin, et dont l’idée s’était imposée peu à peu avec les gares Saint-Lazare, puis par exemple en 1886 avec les deux Essais de figure en plein-air (la Femme à l’ombrelle tournée vers la droite et la Femme à l’ombrelle tournée vers la gauche), les Rochers de Belle-Île la même année et surtout La Petite Creuse en 1889, lors de son séjour à Fresselines. Cette période commence à proprement parler fin 1890 avec Les Meules, série composé de plus d’une vingtaine de versions. Ces imposants gerbiers de blé se trouvent proche de son domicile. Il a commencé à en peindre en 1888, mais l’année 1890 marque véritablement le début de la répétition inlassable du même motif à la recherche d’effets différents. Cet enracinement est confirmé par l’achat du clos de Giverny en automne 1890 pour 22 000 francs.

Fin 1890, Ernest Hoschedé, malade, est alité. Alice, sûrement prise de remords, vient à son chevet. Il meurt le 19 mars 1891. Monet achète, à la demande de ses beaux-enfants, une concession dans le cimetière de Giverny afin d’y inhumer Ernest Hoschedé.

À peine deux mois plus tard, le 4 mai 1891, une exposition consacrée à Monet ouvre ses portes dans la galerie parisienne de Durand-Ruel. Intitulée Œuvres récentes de Claude Monet, elle propose, entre autres, quinze toiles des Meules. Dans le catalogue, chacune de ces toiles porte le titre Meules, mais avec, à chaque fois, une précision temporelle. Les peintures ainsi que ce détail de présentation remportent un vif succès critique, notamment auprès des journalistes.

Les Peupliers

En 1891, Monet suit le cours de l’Epte à la recherche d’un nouveau motif pouvant faire le sujet d’une série : Les Peupliers. Il y travaille de la fin du printemps à la fin de l’automne. Le 8 octobre 1891, il paie le marchand de bois afin de retarder l’abattage de ces arbres qui se trouvaient à Limetz.

Immédiatement terminée, cette série suscite l’intérêt des marchands et des galeristes : Maurice Jouant, achète, pour la galerie Boussod et Valadon plusieurs toiles ; Durand-Ruel fait l’acquisition de sept d’entre elles pour 28 000 francs et crée une exposition uniquement consacrée à cette série.

Les Cathédrales de Rouen (1892-1895)

En 1892, Monet cherche un nouveau sujet qui puisse faire l’objet d’une série et qui ne soit pas un élément naturel. Son choix se porte sur la cathédrale de Rouen. Ses premiers travaux, qu’il réalise depuis la maison de Fernand Lévy, située en face de la cathédrale, ne se déroulent pas comme il le souhaite. Lorsqu’il revient à Giverny en avril, mécontent, il refuse d’en montrer les résultats à quiconque, à l’exception de ses plus fidèles amis. Il passe le reste de l’année à reprendre l’ensemble de ses toiles dans son atelier. Il retourne à Rouen, le 16 février 1893, et se positionne à deux endroits différents, mais toujours face à l’édifice et à différentes heures du jour.

La même année, Suzanne Hoschedé rencontre Theodore Butler, un peintre américain. Après un temps d’hésitation, les noces sont décidées. Monet profite de l’occasion pour épouser Alice le 16 juillet, Suzanne et Théodore se mariant le 20.

Le 5 février 1893, à Giverny, il achète un terrain partiellement marécageux et traversé par un bras de rivière. Il est situé idéalement en face de la maison en contrebas du Chemin du Roy où passe une voie de chemin de fer, ce qui fera dire à Georges Clemenceau « et en plus, il a le train chez lui ! » Dans cette maison de Giverny, il procède à de nombreux aménagements et crée le jardin d’eau et fait creuser l’étang aux nymphéas. Il s’intéresse aussi de plus en plus au jardinage comme en témoigne sa visite au directeur du jardin des plantes de Rouen.

Il achève les vingt-huit toiles qui composent la série des cathédrales en atelier en 1894. Comme les précédentes séries, les cathédrales sont vouées au succès et Monet le sait. C’est pour cela qu’il va faire jouer la concurrence entre les galeristes, en particulier entre Paul Durand-Ruel et Georges Petit. Ce stratagème lui permet ainsi d’obtenir les meilleures conditions d’exposition et une plus grosse somme d’argent pour la vente de ces toiles.

Pour la série des cathédrales, c’est Durand-Ruel qui obtient l’exclusivité de l’exposer, au prix non négligeable de 12 000 francs pour chacune des toiles. Cette exposition a lieu du 10 au 31 mai 1895 et s’intitule Œuvres récentes. Le succès est de nouveau au rendez-vous. Parmi les nombreuses critiques des journalistes, celle de Georges Clemenceau, titrée Révolution des Cathédrales, se distingue particulièrement par la pertinence et la justesse de son analyse.

Enfin, il est à noter qu’au début de l’année 1895, c’est-à-dire avant l’exposition consacrée en partie aux cathédrales, Monet s’est rendu en Norvège, à Christiana. Il pose son chevalet notamment au lac Daeli, au mont Kolsaas, à Kirkerud ou encore à Sandviken. Il rapporte au total vingt-huit toiles qu’il ne retravaille quasiment pas, une fois revenu en France.

Début des nymphéas

Les années 1896 et 1897 vont être beaucoup plus calmes pour Monet. En effet, il se consacre davantage à ses jardins de Giverny : d’une part en poursuivant leur aménagement et d’autre part, en commençant à les utiliser comme motif de ses toiles, ce qui dura jusqu’à la fin de sa vie. Par ailleurs, il ne voyage guère, excepté pour se rendre sur la côte normande, notamment à Pourville et Varengeville où il peint La Maison du pêcheur ou La Falaise à Varengeville.

En 1897, Monet et sa femme voient Jean, le fils du premier, épouser Blanche, la fille de la seconde.

Dans l’affaire Dreyfus, Monet se range résolument du côté de Zola dès 1897 et lui exprime toute son admiration pour le J’accuse. Il signe notamment la pétition dite « manifeste des intellectuels » qui paraît dans le journal l’Aurore, mais refuse de s’engager dans un groupe de soutien.

En 1898, il apprend la mort de son ami d’adolescence, Eugène Boudin.

Le début de l’année 1899 est marqué par la mort de Suzanne à trente et un ans. Très affectée par cette disparition, Alice éprouve un chagrin dont elle ne se remettra jamais complètement. D’ailleurs, à partir de ce moment, Monet, dans ses correspondances, apparaît plus soucieux de sa femme et de l’état de santé de celle-ci. Cette inquiétude le conduit à associer davantage Alice à ses voyages et à ses activités.

À la même période, il commence à peindre le pont japonais du bassin, prélude aux nymphéas. Il érige également un second atelier à côté de sa demeure.

Voyages à Londres (1899-1904)

À l’automne de 1899, il effectue, en compagnie de sa femme, le premier d’une série de trois voyages à Londres afin de rendre visite à son fils Michel qui y vit depuis le printemps. Lors de ces trois séjours qui s’étalent de 1899 à 1901, il peint une série consacrée au Parlement de Londres et dont le thème récurrent est le brouillard sur la Tamise. La réalisation de cette série se poursuit par un travail de retouches en atelier jusqu’en 1904. La série Vues de la Tamise à Londres- 1900 à 1904 est exposée en mai et juin 1904 et constitue le plus grand triomphe de la carrière du peintre jusqu’alors.

En 1900, les impressionnistes sont exposés à l’exposition universelle de Paris, signe de reconnaissance officielle. Leurs toiles, dont deux de Monet, sont placées dans le Grand Palais dans le cadre de l’exposition Centennale.

Il peint en 1901 Leicester Square, la nuit.

En 1902, Germaine Hoschedé, puis, en 1903, Jean-Pierre Hoschedé, se marient, quittant le foyer familial et plongeant Alice dans une profonde mélancolie. Grâce à l’acquisition, quelques années plus tôt, d’une Panhard-Levassor, Monet emmène sa femme, en 1904, à Madrid, puis à Tolède, dans le but de lui redonner la joie de vivre. Durant ce séjour de trois semaines, le peintre admire les œuvres de Velasquez et du Greco.

En 1904, du 9 mai au 4 juin, Monet expose chez Durand-Ruel. Il présente trente sept Vues de la Tamise à Londres. Malgré un succès indéniable, des voix critiques, plus réceptives aux formes géométriques imposées par Cézanne, se manifestent, rejetant la dissolution des formes dont fait preuve Monet dans ses toiles.

Les Nymphéas

Après Londres, Monet peint surtout la nature contrôlée : son propre jardin, ses nymphéas, son étang et son pont. Du 22 novembre au 15 décembre 1900, une nouvelle exposition qui lui est consacrée se tient à la galerie Durand-Ruel. Une dizaine de versions du Bassin aux nymphéas y est présentée. Cette même exposition est organisée, en février 1901, à New York, où elle remporte un vif succès.

En 1901, Monet fait agrandir l’étang de sa demeure en rachetant une prairie située de l’autre côté de la Ru, le cours d’eau local. Il partage alors son temps entre travail sur nature et travail dans son atelier.

Les toiles consacrées aux nymphéas évoluent au gré des transformations du jardin. De plus, Monet en modifie peu à peu l’esthétisme en abandonnant, vers 1905, tout repère de limite au plan d’eau et donc de perspective. Il fait également évoluer la forme et la taille de ses toiles en passant de supports rectangulaires à des supports carrés puis circulaires.

Toutefois, il est important de remarquer que ces toiles sont créées avec beaucoup de difficultés : Monet, en effet, passe du temps à les reprendre afin de trouver l’effet et l’impression parfaits et, quand il n’y parvient pas, n’hésite pas à les détruire. Il repousse sans cesse l’exposition de Durand-Ruel qui doit les présenter au public. Après plusieurs reports depuis 1906, l’exposition, nommée Les Nymphéas, séries de paysages d’eau, finit par ouvrir le 6 mai 1909. Comprenant quarante-huit toiles datées de 1903 à 1908, cette exposition est de nouveau un succès.

Venise

À l’automne 1908, Monet et sa femme séjournent à Venise, au Palazzo Barbaro, au sein d’une élite passionnée d’art. En cette si bonne compagnie, le peintre se trouve souvent distrait et éprouve les plus grandes difficultés à travailler. Durant le mois que dure ce séjour, il ne réalise que quelques ébauches. Par conséquent, il y effectue, un an plus tard, un second séjour et réalise, cette fois, de nombreux tableaux qu’il reprendra dans son atelier. Ils ne seront finalement livrés qu’en 1912 et exposés chez les frères Bernheim-Jeune.

Palazzo da Mula.

Le Palais ducal.

Le Grand Canal.

Saint-Georges Majeur au crépuscule.

Malgré le succès, le début de l’année 1909 est difficile. En effet, Alice est tombée malade en rentrant de Venise et passe tout le mois de janvier alitée. Les mois passent sans que son état s’améliore significativement. Elle finit par s’éteindre le 19 mai 1911.

Cataracte et grandes décorations

Monet traverse alors une période difficile durant laquelle sa santé devient plus fébrile et au cours de laquelle il alterne les moments euphoriques et de découragement complet. Il consacre son temps aux toiles de Venise et, malgré les réticences liées à la qualité de son travail, en expose vingt-neuf à la galerie Bernheim, du 28 mai au 8 juin 1912. Devant le succès rencontré, l’exposition est prolongée.

En 1912, une double cataracte est diagnostiquée chez le peintre. En 1914, il a la douleur de perdre son fils Jean des suites d’une longue maladie.

C’est à cette période que germe l’idée de réaliser un ensemble de panneaux décoratifs sur le thème des Nymphéas. Monet, encouragé par Clemenceau, retrouve l’envie de travailler en pleine Guerre mondiale. Afin de parvenir à ses fins, il fait construire pendant l’été 1915 un vaste atelier conçu spécialement pour accueillir ces grandes toiles. Il imagine d’abord les présenter dans une salle circulaire (forme de présentation envisagée depuis au moins mai 1909), puis abandonne l’idée au profit d’une salle elliptique. Ce projet l’occupe jusqu’à la fin de sa vie.

Grande décoration, entre 1914 et 1926 En novembre 1918, il offre à Clemenceau deux panneaux décoratifs qu’il a signés le 11, jour de l’armistice et de la fin de la Première Guerre mondiale. C’est, selon le peintre, la seule manière qu’il ait de prendre part à la victoire.

En novembre 1919, Clemenceau lui conseille de se faire opérer des yeux. Claude Monet dans son jardin vers 1917, autochrome de Clémentel.

En décembre de cette même année, il perd son ami Pierre Auguste Renoir.

Monet est devenu entre-temps une personnalité respectée de tous. Son 80e anniversaire en 1920, prend ainsi une allure d’événement national que le Président du Conseil des ministres Georges Leygues se propose d’honorer de sa présence, en vain.

En avril 1922, un acte notarié est signé pour le don de dix-neuf panneaux qui devront être livrés dans les deux ans qui suivent. Un décret paraît également au Journal officiel du 23 juin de la même année pour signaler le don.

Peu de temps après, la vue du peintre se dégrade de nouveau. Bien que ses proches et Clemenceau l’exhortent à se faire opérer, Monet refuse. En mai, il ne peut presque plus travailler. Tous ses essais pour commencer une nouvelle toile se soldent par un échec.

Après de longues tergiversations, Monet finit par accepter avec réticence l’opération de l’œil droit réalisée par le docteur Charles Coutela le 10 janvier 1923. Après deux autres opérations réussies, Monet voit certes mieux mais sa perception des couleurs est altérée. En plus du port de lunettes, l’opération de l’œil gauche est préconisée, mais Monet la refuse catégoriquement.

À cette période, il retouche sans aucun répit les grandes décorations. L’échéance approchant, il pense, à plusieurs reprises, ne pas pouvoir la respecter et revient sur sa parole de donation. Mais Clemenceau veille et n’hésite pas à se quereller avec son ami.

Le pont japonais entre 1920 et 1922.

Pour l’installation des grandes décorations, plusieurs possibilités sont étudiées. On pense d’abord les exposer à l’hôtel Biron, où l’architecte Paul Léon doit réaliser une nouvelle construction spéciale dans les jardins, mais finalement la décision est prise en mars 1921 de les exposer à l’Orangerie. L’architecture revient alors à Camille Lefèvre.

Monet obtient, malgré les réticences de Clemenceau, un délai supplémentaire d’un an pour la livraison des panneaux. Par ailleurs, le peintre fait régulièrement évoluer son œuvre, obligeant l’architecte à revoir sans cesse l’installation prévue pour l’exposition.

C’est à cette période qu’il peint certains des tableaux de la série du Pont japonais, qui choque le goût de l’époque.

Affaibli par un travail incessant, Monet contracte une infection pulmonaire qui le cloue au lit en 1926. Atteint d’un cancer du poumon, il meurt le 5 décembre vers une heure de l’après-midi.

Les dix-neuf panneaux sont remis par son fils, Michel, à la direction des Beaux-Arts. Camille Lefèvre termine l’installation des deux salles elliptiques sous la supervision de Clemenceau. L’exposition ouvre ses portes le 17 mai 1927 sous le nom de musée Claude Monet.

Funérailles

Tombe de Claude Monet, de sa famille et de proches, cimetière de l’église Sainte-Radegonde de Giverny.

Plaque funéraire.

Lors de l’enterrement, Clemenceau dans un geste élégant enleva le drap funéraire recouvrant le cercueil de son ami, s’écriant : « Non ! Pas de noir pour Monet ! Le noir n’est pas une couleur ! », lui substituant une « cretonne ancienne aux couleurs des pervenches, des myosotis et des hortensias ». Puis Clemenceau suivit le convoi vers le cimetière de l’église Sainte-Radegonde de Giverny où Monet fut enterré, et s’écroula en pleurs.

Les grandes décorations sont installées à l’Orangerie au cours des premiers mois de 1927. Son fils Michel hérite de l’intégralité des propriétés de Claude. En 1966, quand il se tue dans un accident de voiture, ses toiles reviennent à son légataire universel : le musée Marmottan.

Travailler sur nature

Claude Monet devant Les Nymphéas, dans son jardin à Giverny.

Monet laisse se répandre l’idée qu’il ne peint que sur nature. Ainsi en avril 1880 devant un journaliste lui demande à voir son atelier il s’exclame : « Mon atelier ! Mais je n’ai jamais eu d’atelier, moi, je ne comprends pas qu’on s’enferme dans une chambre. Pour dessiner, oui : pour peindre, non ». Il désigne ensuite la Seine, les collines et Vétheuil et dit : « Voilà mon atelier à moi ! »

Daniel Wildenstein tient à rétablir la vérité : Monet a bel et bien terminé de nombreuses de ses toiles en atelier, du Déjeuner sur l’herbe en passant par Les Glaçons, puis toutes les Cathédrales, les vues de Londres, de Venise et les Nymphéas. La construction d’ateliers en 1899 et 1915, attestée par des photographies et les permis de construire, ne viennent que confirmer l’évidence.

Certes Monet ne travaille pas de mémoire, il utilise en fait les autres toiles d’une série pour se remémorer le motif en atelier. Il semble qu’il utilise aussi parfois des photographies, comme pour finir les toiles de Londres.

Un travailleur courageux et exigeant

Monet est très travailleur, il travaille souvent « comme un forcené », ou avec une « ardeur décuplée » et en plein air par tous les temps, étonnant par son endurance. À Étretat, il n’hésite pas à s’aventurer avec tout son matériel dans le sentier de la valleuse de Jambourg qui descend du sommet des falaises à leurs pieds pour peindre sous un meilleur angle et, à Belle-Île, il fait fi de la tempête pour aller travailler.

Souvent ce mode de travail l’exténue, et Monet connaît des alternances de périodes très assidues avec des périodes de démoralisation, où il pense « tout planter là». Il profite en général de la période hivernale pour se reposer.

Monet est en outre un éternel insatisfait. À propos des Meules, il déclare : « Plus je vais, plus je vois qu’il faut beaucoup travailler pour rendre ce que je cherche ». Monet gratte ou détruit parfois ses toiles. Ainsi en revenant dans le pays de Caux après un séjour à Paris début 1882, il gratte deux toiles. Particulièrement à la fin de sa carrière, il détruit de nombreuses toiles : trente en 1907. Il explique : « Je dois veiller à ma réputation d’artiste pendant que je le puis. Lorsque je serai mort, personne ne détruira un seul de mes tableaux, quelque mauvais soit-il ». Dans cette logique, peu avant sa mort, il fait détruire par sa belle-fille Blanche de nombreux tableaux.

Vers la fin de sa vie son emploi du temps devient très réglé, comme à Londres. En 1908, la journée estivale est divisée comme suit : la matinée et début de l’après-midi séparés par le déjeuner sont occupés par le travail, ainsi que la fin de journée. De trois à cinq voire six heures, Monet effectue une pause où il reçoit ses invités. La fermeture des nénuphars est la cause de cette interruption. Le travail au soir permet de capter des effets de fin de jour.

Jardinier

Début 1893, la construction du bassin aux nymphéas correspond à un accroissement de l’intérêt de Monet pour le jardinage. Ainsi, il rend visite à M. Varenne, directeur du jardin des plantes de Rouen. Il achète également de nombreuses plantes aux jardiniers de Rouen. Monet est assurément plus homme des champs qu’intellectuel. À propos du jardinage, Monet déclare : « Qu’y a-t-il à dire de moi ? Que peut-il y avoir à dire, je vous le demande, d’un homme que rien au monde n’intéresse que sa peinture — et aussi son jardin et ses fleurs ».

Méthodes de peinture

Étude au pastel de la falaise d’Étretat aval, vers 1885. National Gallery of Scotland. Un exemple de travail préparatoire de Monet.

Monet n’aurait, d’après ses admirateurs, pas eu recours aux croquis ni aux aquarelles, ce qui semble bien erroné puisque de nombreux carnets de croquis et de dessins préparatoires sont présentés sur le site du musée Marmottan pour la série de la « Gare St Lazare », sur la Base-Joconde des musées de France pour la série « Étretat » ou des barques et bateaux, ou encore le Sterling and Francine Clark Art Institute de Williamstown qui ont présenté dessins et pastels préparatoires. Monet utilise également la photographie qu’il pratique, pour les séries sur Londres et Venise. Pour le peintre, le premier contact avec le motif revêt une importance primordiale. Il prend le pinceau en main. « Il commence brusquement à couvrir [une toile blanche] de plaques de couleurs qui correspondent aux taches colorés que lui donne la scène naturelle entrevue ». Dès la première séance, la toile doit être couverte autant que possible sur son étendue. Sur une toile ébauchée, Monet peint à « pleine pâte, sans mélange, avec quatre ou cinq couleurs franches, en juxtaposant ou superposant les tons crus ». Monet renonce d’ailleurs aux bases sombres dès 1865. Ainsi, une étude à laquelle Monet a travaillé une fois est revêtue de traits épais d’environ un demi centimètre et distants l’un de l’autre de deux centimètres, lesquels sont destinés à fixer l’aspect de l’ensemble. Le lendemain, revenu sur les lieux, il ajoute à la première esquisse et les détails s’accentuent, les contours se précisent. Ainsi, sur une toile qui a bénéficié de deux séances, les traits sont nettement plus rapprochés et le sujet commence à prendre forme. Un tableau doit être poussé aussi loin que l’artiste le juge nécessaire, lui seul pouvant déterminer le moment à partir duquel il est impossible d’aller plus loin. Il accorde aussi beaucoup d’importance aux détails.

Ses tableaux comme Le Bassin aux nymphéas, harmonie verte, ou harmonie rose révèlent plus de 70 000 touches par mètre carré.

La recherche des effets

À partir du temps de séries, Monet recherche les effets dans ses toiles. Il travaille sur plusieurs toiles en parallèle. Déjà en 1885, Maupassant note que « il allait, suivi d’enfants qui portaient ses toiles, cinq ou six toiles représentant le même sujet à des heures diverses et avec des effets différents. Il les prenait et les quittait tour à tour, suivant les changements du ciel. » Il ne travaille que quand il a son effet. Cette méthode se développe avec le temps, pour les vues de Londres il peint sur plus de quinze toiles en parallèle, les vingt-deux toiles des Grandes décorations sont peintes aussi en même temps.

La Japonaise, 1875.

La peinture de Monet est influencée par l’art japonais. Il porte ainsi un intérêt particulier aux estampes peintes par Hiroshige et Hokusai. Il réalise d’ailleurs la Japonaise en 1875, un tableau dont la facture tranche diamétralement avec ses autres œuvres. Le 1er février 1893, Monet se rend à une exposition organisée par Durand-Ruel : elle est consacrée aux estampes d’Outamaro et de Hiroshige. Ce rendez-vous revêt pour lui une grande importance car il s’accorde parfaitement avec son cheminement artistique à la même époque. Sa salle à manger de Giverny est par ailleurs décorée avec des estampes japonaises. Enfin, une autre série de peintures qui dénote l’influence du Japon sur son art est paradoxalement celle ayant pour sujet des paysages norvégiens, notamment avec des vues du pont de Løkke, puisque ce coin de Sandviken lui faisait penser à « un village japonais ». Le mont Kolsås lui faisait en fait « songer au Fujiyama ».

Paul Durand-Ruel par Renoir.

En 1879, il dépend quasiment intégralement des aides Caillebotte pour sa survie. Pourtant, les Hoschedé continuent à avoir des domestiques. À Vétheuil également les créanciers défilent. En 1881, malgré la progression des revenus, Monet ne peut s’acquitter de son loyer et cumule en décembre 2 962 francs. En 1887, il possède des actions, ce qui indique qu’il épargne. En 1890, il achète la maison de Giverny et, l’année suivante, il prête de l’argent à Pisarro, les dures années sont derrière lui.

Par la suite, il connaît un certain embourgeoisement avec notamment l’achat d’une voiture. Durand-Ruel résume en déclarant que « Monet fut toujours un jouisseur ».

Monet n’est pas toujours très généreux. Ainsi, à Bordighera, alors que son hôte M. Moreno l’invite dans les jardins de sa villa, les jardins Moreno, assume les frais de chemin de fer et paie le restaurant, Monet lui offre en échange… une pomme. Il ne se montre pas plus généreux envers Rollinat ou E. Mauquit qui l’accueillent respectivement dans la Creuse et à Rouen. Ses amis Boudin ou Pissaro ne sont pas mieux lotis.

Des fouilles dans des grottes de la zone, mènent à croire que les côtes italienne et française étaient déjà habitées dès le paléolithique. Toutefois la première présence humaine structurée, qui a eu un impact sur le territoire, date du vie siècle av. J.-C., par une population appelée les Ligures, d’où le nom de la région Ligurie. Par contre le nom Bordighera, sous sa forme ancienne (Burdigheta), apparait pour la première fois seulement en 1296, dans une bulle du pape Boniface VIII. Cette zone de la Ligurie a été particulièrement prospère pendant la domination romaine à la suite de la construction, au ier siècle av. J.-C., de la via Julia Augusta. Avec la chute de l’Empire romain, le village fut abandonné à cause des incursions des pirates et c’est seulement en 1470 que quelques familles de Borghetto San Nicolò décidèrent de retourner à Bordighera5. Les attaques mauresques s’espacèrent, et la seule particulièrement notable fut celle du pirate Khayr ad-Din Barberousse en 1543. Au xvie siècle, vu sa position stratégique, les ducs de Savoie et la République de Gênes se battirent pour la possession du territoire. Le petit village devint une ville fortifiée, et acquit de l’importance, au point de devenir indépendante de la ville de Vintimille en 1683.

Hôtel des Roches Noires est un tableau réalisé par le peintre impressionniste Claude Monet à Trouville-sur-Mer en 1870.

Avec l’avènement des chemins de fer et des stations balnéaires au xixe siècle, les plages de Normandie sont facilement accessibles pour la bourgeoisie parisienne. Tout le long de la côte apparaissent des hôtels de luxe, dont l’Hôtel des Roches Noires que fréquentent des célébrités comme Gustave Flaubert ou Marcel Proust.

Le 28 juin 1870, Claude Monet épouse Camille qui lui a donné un fils, Jean, en 1867. Alors que la guerre de 1870 se profile et que le peintre est sans ressources ni logement à Paris, la famille Monet quitte la capitale et, avant de rejoindre Londres, séjourne à Trouville-sur-Mer. N’ayant pas les moyens de loger dans un palace, elle prend pension à l’hôtel de Tivoli, plus éloigné de la plage. Monet y peint des toiles en plein air qui mettent en scène et en représentation de riches bourgeois, acheteurs potentiels de ces tableaux.

La toile est ouverte d’un côté sur l’espace marin, de l’autre côté fermée par la façade de l’hôtel dont les fenêtres et l’escalier sont animés de personnages qui semblent admirer le spectacle de la marée. L’étalement de la terrasse, sur laquelle musardent plusieurs mondains, est souligné par la fuite de perspective et l’alignement des drapeaux claquant au vent d’été (le drapeau du premier plan peint en quelques coups de pinceaux est caractéristique du style impressionniste). La ligne d’horizon derrière l’homme qui salue avec son chapeau représente Le Havre, ville où habite la famille de Monet.

Les Villas à Bordighera est un des deux tableaux réalisés par le peintre impressionniste Claude Monet en 1884.

Peint à Giverny en 1884, cette peinture, un panneau décoratif presque carré1, est conservé au musée d’Orsay. Il représente le paysage de la Riviera ligure à Bordighera avec une partie proche (la tour) de la Villa Bischoffsheim (ou Villa Etelinda).

Diano Marina est une commune italienne de la province d’Imperia dans la région Ligurie en Italie. Diano Marina fut particulièrement touchée par le séisme de 1887 en Ligurie.Le tableau Les villas à Bordighera est représentatif de divers aspects de l’art de Monet. Il y retrouve tout d’abord ce grand format presque carré, souvent utilisé par le peintre lorsqu’il s’exprime dans le domaine décoratif. La répétition en atelier d’un motif étudié sur place à Bordighera, annonce la démarche adoptée plus tard pour les « séries ». Enfin, avec ce paysage exotique, Monet nous offre une variation autour de l’un de ses thèmes privilégiés : celui du jardin.

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