Histoire et évolution des musées du Vatican

Publié le : 02 octobre 202013 mins de lecture

Visiter les Musées du Vatican signifie se plonger simultanément dans les vagues d’un temps qui revit le présent à l’image de son propre passé solennel, et qui se greffe sur le futur comme un idéal éternel et universel d’un concept esthétique et communicatif immortel, né par les pères de l’humanité pour impressionner des générations d’enfants, à la jonction d’une continuité qui n’épuise pas, mais renforce tout concept ancien.

La pluralité des connaissances rencontre les phases les plus nobles de l’esprit humain dans la magnificence du Vatican où, parmi les antiquités d’une religiosité imprégnant le marbre et les secrets anciens, le pouvoir incontesté de l’Église de Rome est en vigueur. La grandeur rencontre la puissance dans l’incalculable combinaison de l’art et de la régence cléricale, consacrée à Dieu et aux hommes créés à son image et à sa ressemblance. Il n’y a pas de plus grande immensité qu’un complexe où l’âme du monde est en force, le cœur battant d’un conte presque infinie qui a articulé les bienfaits de la victoire sur les fondements de la pensée faible, corrompue et donc étouffée.

L’histoire du Vatican est le récit du monde, tout comme chaque partie du monde a été une pièce du plan glorieux et évangéliquement impérissable d’une conquête des âmes loin de l’Église et donc de Dieu.

L’exceptionnalité des personnalités pontificales a indissolublement lié le conte des musées du Vatican à une étonnante collection d’art, dans une variété d’objets et d’œuvres d’art représentant les phases les plus élevées de l’art humain, des corps parfaits et athlétiques de la statuaire classique à la modernité surprenante et agitée des mentors de l’idéal souvent souffrant de l’art du XXe siècle.

 Musées du Vatican : Histoire

Retracer l’histoire des Musées du Vatican signifie retracer les ruelles de la Rome de la Renaissance, lorsque le pouvoir était orné d’illustres ornements, frappant le cœur de la chrétienté d’une conception artistique renouvelée, générée par l’esprit des précurseurs d’un pouvoir interprétatif sans égal, d’une richesse compositionnelle distillée de passion et de soumission, d’un asservissement total lié à la conscience d’une mission ordonnée et intensément désirée par le vicaire du Christ sur terre.

L’inspiration est venue des bobines torsadées du groupe sculptural de « Laocoonte » (1er siècle avant J.-C.).), pour arriver enfin à la genèse du noyau primitif de la collection entreprise par le pape Jules II (1443 – 1513), qui non seulement a jeté les bases d’un complexe muséal d’une importance absolue, mais dont la première formation a influencé de façon cohérente le parcours artistique et l’esprit sensible et extrêmement réceptif des grands protagonistes de la scène de la Renaissance italienne, comme dans le cas de Michelangelo Buonarroti (1475 – 1564), qui a pu réaliser le « Torse du Belvédère » (1er siècle avant J.-C.).C.) l’âme de sa propre poétique, et dont les implications font écho parmi les corps nus et masculinement tournés des personnages qui peuplent la voûte de la Chapelle Sixtine.

1508 coïncide avec le début d’un testament de collection grandiose et majestueux, sacré à la valeur de l’appréciation humaine et à l’instrument de l’art comme moyen d’atteindre Dieu, donc l’âme du monde.

Lorsque Jules II, Giuliano della Rovere, dans le cadre d’un vaste mécénat illustre et fortement classiciste, a acheté le groupe sculptural mythologique criant d’horreur et représentant, dans les formes solides d’un marbre admirable, la tromperie du destin brutal du prêtre troyen, quelque chose a changé dans l’histoire, modifiant le destin attendu du « Status Civitatis Vaticanæ ».

Le classicisme de la figure virgilienne mourante du « Laocoon » trouve en lui-même le motif clé d’une collection, la classique, qui a fait de son existence la justification de cet empire, jadis romain et fertile en conquêtes, qui s’est poursuivi par les mains contuses de Lucius Aemilius Paullus (229 av. J.-C. – 160 av. J.-C.).) et Flavius Valerius Aurelius Constantine (306 – 307) aux doigts gonflés de Léon X (Giovanni di Lorenzo de’ Medici, 1475 – 1521) et de Paul III (Alessandro Farnese, 1468 – 1549), vers la fatalité bénie et glorieusement sacrée d’un « Imperium sine fine », c’est-à-dire d’un empire massivement consacré à l’Église catholique, selon la citation païenne de « His ego nec metas rerum nec tempora pono » : imperium sine fine dedi » de Publius Virgil Maron (70 a.C. – 19 AVANT J.C.).

Un idéal suprême, guidé célestement dans la réussite d’une œuvre suprême de matérialisation du binôme antique qui relie la création à Dieu, dans la correspondance exacte de l’homme capable de créer et de transformer la matière, en lui insufflant l’étincelle de la vitalité humaine, comme le pouvoir absolu qui remplit la courte distance qui sépare l’index de Dieu de celui d’Adam, dans les fresques de Michel-Ange de la Chapelle Sixtine.

Le pouvoir a rencontré le visage prestigieux de l’art de la Renaissance dans les cercles sublimes du Vatican, mettant fin à la rencontre magniloquente, souvent concurrentielle, entre Raffaello Sanzio (1423 – 1520) et Michelangelo Buonarroti.

La fervente contestation qui animait souvent les artistes a tout aussi souvent fait tourner le tempérament indomptable au détriment de jugements étrangers à la volonté personnelle.

Comme dans le cas de Michel-Ange, qui acceptait à contrecœur les opinions des autres, une attitude qui s’est manifestée dans la réponse laconique donnée au dramaturge et poète Pietro Aretino lorsqu’il a dispensé quelques indications concernant la réalisation du « Jugement dernier » :

Les Musées du Vatican sont donc configurés non seulement comme les gardiens incontestés de l’œuvre humaine sublime, mais aussi comme un lieu où se sont développés la souffrance, la passion indomptable, le sentiment artistique qui a fait tourner les rouages de l’illustre « intelligent », dans les affres épuisantes de chefs-d’œuvre d’une immense importance ; les illustres expositions du génie artistique mêlant la couleur à la sueur du travail, la perfection esthétique des formes à l’incurable affaiblissement physique, libérant et transformant tout simple renoncement matériel en un chef-d’œuvre artistique suprême, dans une évidente élévation spirituelle facilement déduite de certains versets de Buonarroti, qui en font le portrait, désormais plié par les efforts sans limites visant à la réalisation des fresques de la voûte de la Chapelle Sixtine :

 Les évolutions

L’origine des collections du Vatican s’est épanouie avec exubérance à partir de la « Cour des statues » en marbre, aujourd’hui « Cour octogonale », pour évoluer souvent dans ce patrimoine artistique qui remplissait de magnificence les luxueuses salles du Vatican, entraînant la naissance de nouveaux espaces d’exposition et donc de musées.

Au cours du XVIIIe siècle, le premier noyau du « Museo Pio – Clementino » a été fondé pour l’œuvre culturellement et artistiquement féconde de Clément XIV (Giovanni Vincenzo Antonio Ganganelli, 1705 – 1774) et de Pie VI (Giannangelo Braschi, 1717 – 1799), tandis qu’au siècle suivant, avec Pie VII (Barnaba Niccolò Maria Luigi Chiaramonti, 1742 – 1823), les collections d’antiquités classiques et la collection épigraphique, abritées dans la « Galleria lapidaria » (XVIIIe siècle), ont été considérablement étendues.

Avec Grégoire XVI (Bartolomeo Alberto Cappellari, 1765 – 1846) s’ouvrent les portes du « Museo Gregoriano Etrusco » (1828) et du « Museo Gregoriano Egizio » (1839), avec les trouvailles provenant des fouilles de l’Étrurie méridionale et quelques objets autochtones du « Musée du Capitole et du Vatican ».

En 1844 est inauguré le « Musée du Latran », un lieu d’exposition qui se targue de la présence de statues, mosaïques, bas-reliefs de l’époque romaine, qui n’ont pas trouvé leur place dans les palais du Vatican.

Sous le pontificat de Saint Pie X (Giuseppe Melchiorre Sarto, 1835 – 1914) a été inauguré le « Lapidaire juif » (1910), section abritant 137 inscriptions des anciens cimetières juifs de Rome.

Les Musées du Vatican apparaissent comme un contexte d’exposition généralisé, c’est-à-dire dans une multitude d’espaces situés dans divers bâtiments ou zones muséales ; Dans la limite d’une synthèse exhaustive, il faut rappeler la « Galerie des Tapisseries » (1838), la « Galerie des Cartes » (1580) commandée par Grégoire XIII (Ugo Boncompagni, 1502 – 1585) et restaurée par Urbain VIII (Maffeo Vincenzo Barberini, 1568 – 1644), la « Salle Sobieski », la « Salle de l’Immaculée Conception » (1854), la « Loggia di Raffaello » (1517 – 1519), les « Stanze di Raffaello » (1508 – 1524), la « Cappella di Beato Angelico » (« Cappella Niccolina », 1447) commandée par Niccolò V (Tomaso Parentucelli, 1397 – 1455), la « Cappella Sistina » (1483), les « Appartamenti Borgia » (1492), la « Pinacoteca Vaticana » (1932) et le « Museo Missionario Etnologico » (1926).

1973 est l’année de la naissance de la collection d’art religieux moderne et contemporain et de celle du « Musée historique », qui abrite une série de peintures iconographiques des papes ainsi que des reliques du corps militaire supprimé.

 La collection

Les Musées du Vatican, attentifs à un art à la fois sacré et contemporain, ont comblé cette fracture malencontreuse qui, pendant des siècles, avait marginalisé le sacré par rapport à la modernité, dans un concept qui a conduit à l’exclusion des plus grands exemples d’art moderne des collections du Vatican, dans une compréhension d’une nouvelle religiosité, soufferte et recherchée, comme dans la « Pietà » de Van Gogh (1889), et fortement discutée dans le « Crucifix » de Salvador Dali (1954).

Un art moderne qui se réfère aux mythes de la Renaissance, un art de la Renaissance qui rappelle le fort classicisme de la statuaire gréco-romaine, dans un rang croissant et galopant des chefs-d’œuvre antiques les plus absolus et universellement reconnus ; il convient de mentionner les « Athéna et Marsyas » (450 a.C.) de Da Mirone, l' »Amazone Mattei » (5e siècle avant J.-C.) de Phidias, l' »Aphrodite Cnidia » (360 avant J.-C.) de Prassitele, l' »Apollon du Belvédère » (350 avant J.-C.) de Léocarès, la « Statue colossale de Claude » (47 d.C.), l' »Auguste de Prima Porta », les « Apoxyómenos » (330 -320 av. J.-C.) de Lisippo, le « Groupe du Laocoon » (1er siècle après J.-C.), les « Fresques de l’Odyssée de la maison de la Via Graziosa » (1er siècle avant J.-C.), la « Base des Vicomagistri » (20 – 40 après J.-C.).C.), la « Colonne Antonine » (161 – 162 après J.-C.), le « Sarcophage de Constantin » (340), le « Sarcophage dogmatique » (320 – 340), le « Portrait des dix ans de Trajan » (108 après J.-C.) et le « Portrait de Philippe l’Arabe » (244 après J.-C.).

Le monde classique s’éloigne lentement des surfaces brillantes, pâles et païennes du marbre hellénique pour entrer dans la complexité de l’art médiéval qui, sur le terrain fertile de la vénération religieuse à la limite de la facticité, a vu l’investiture d’un art splendide, racontée par les chefs-d’œuvre du Vatican de l' »Evangeliario di Lorsch » (« Codex Aureus di Lorsch », 778 – 820), du « Polittico Stefaneschi » (1320) de Giotto, de l' »Annonciation » (1423 – 1425) de Gentile da Fabriano et des cinq compartiments de la prédelle du « Polittico Quaratesi » (1425).

Nés au cœur de la Renaissance, les musées du Vatican ont bénéficié du privilège de célèbres artistes contemporains, qui ont su faire de l’art l’instrument d’un pouvoir religieux en marche, préservant et exposant la majesté d’une période glorieuse à travers un renouveau idéal et matériel exprimé par les tapisseries de la Chapelle Sixtine de Raphaël, la prédelle de la « Pala di Perugia » (1438) de Beato Angelico, l' »Incoronazione Marsuppini » (1460) de Filippo Lippi, le « San Girolamo » (1480) de Leonardo da Vinci et la « Pietà di Pesaro » (1471-1483) de Giovanni Bellini.

Dans le complexe progrès artistique qui a uni les hommes à l’idéal suprême qu’est l’art, du point de vue d’un instrument qui recèle en lui-même un esprit capable de comprendre toutes les époques, on arrive au bout illusoire d’un chemin, dans les vastes méandres de l’art moderne et enfin contemporain, avec la « Déposition » (1602 – 1604) du Caravage, le « Martyre de Saint Erasme ». (1628) de Nicolas Poussin, le « Persée triomphant » d’Antonio Canova (1797 – 1801) et les œuvres puissantes et agitées mentionnées ci-dessus de Salvator Dalì et Van Gogh.

Enfin, il est possible de réaliser une visite du palais. Si vous projetez de partir en voyage pour Rome, vous devez faire une réservation pour pouvoir visiter le musée. Vous y trouverez une œuvre incomparable.

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